Brève 11 : Le rapport d’évaluation de l’Université de Bordeaux : une note d’observations hallucinante du président du Hcéres ….

Le rapport d’évaluation de l’Université de Bordeaux (vague B 2020-2021) vient d’être publié sur le site internet du Hcéres. Cette publication s’accompagne d’une note d’observations du président du Hcéres, Thierry Coulhon, publiée hors rapport. Cette initiative, sans précédent dans le processus de publication des rapports du Hcéres, est scandaleuse car elle déroge aux règles élémentaires et à l’éthique de l’évaluation par les pairs, fondement méthodologique du Hcéres.

Cette note d’observations apparait dans un premier temps comme un résumé du rapport d’évaluation, qui peut avoir son intérêt (communication rapide sur les analyses du comité d’évaluation) mais fait courir le risque de détourner le lecteur d’une étude plus approfondie du contenu du rapport. A noter toutefois une incise pour le moins désobligeante pour l’Université de Bordeaux et totalement inappropriée dans le cadre méthodologique du Hcéres :  la première phrase mentionne en effet que la sélection de l’Université de Bordeaux dans le cadre de l’Idex aurait été opérée « à la surprise du monde académique ». Ce type d’appréciation, relevant plus d’une brève de comptoir que d’une analyse étayée par des preuves objectives, constitue une prise de position du président du Hcéres inacceptable qui laisse entendre que l’Université de Bordeaux n’avait pas a priori le niveau pour une telle reconnaissance ! Ceci s’entend évidemment du point de vue du microcosme parisien de l’ESR dont fait partie Thierry Coulhon….

Mais bien plus grave encore, et motivant la présente brève,  la fin de la note va au-delà du résumé du rapport avec des prises de positions directes au nom du Hcéres.

Le président du Hcéres « regrette que l’université n’ait pas souhaité utiliser la possibilité qui lui était donnée de répondre publiquement au rapport pour assumer sa position sur le sujet » des « synergies nouvelles avec les divers acteurs universitaires » du site bordelais. J’objecterai que la réponse du président de l’établissement, insérée dans le rapport comme il en va traditionnellement dans les publications du Hcéres, est totalement libre et le président du Hcéres n’a pas à en commenter le contenu, ce qui est particulièrement irrespectueux à l’égard du président de l’Université de Bordeaux.

Thierry Coulhon s’étonne ensuite que l’Université de Bordeaux ne se soit pas « saisie du nouvel outil que constitue l’établissement public expérimental (EPE) issu de l’ordonnance de 2018 ». Cette remarque laisse entendre que Thierry Coulhon considère que le comité présidé par Alain Beretz n’est pas allé assez loin dans ses analyses (puisque ce point ne figure pas dans le rapport du comité), ce qui constitue un désaveu public particulièrement désobligeant. Par ailleurs, en quoi le président du Hcéres est-il autorisé à faire un tel reproche à l’Université de Bordeaux qui sort du cadre méthodologique d’une évaluation institutionnelle ex post ? Il n’est pas acceptable de remettre en cause de manière aussi directe les choix politiques et stratégiques d’un établissement, pour une agence d’évaluation reconnue par l’ENQA (doit-on rappeler au président du Hcéres que les établissements sont autonomes et responsables ?).

Cette note d’observations se termine enfin par une triple interpellation de l’Etat, de la ville de Bordeaux et de la Région Nouvelle Aquitaine afin que, sur le sujet de la structuration du site, « la situation du site puisse se clarifier ». Le président du Hcéres n’hésite ainsi pas à se transformer en grand conseiller politique, pour fixer les feuilles de route de ces différents acteurs, dépassant largement les missions d’une agence d’évaluation.

Faut-il rappeler à Thierry Coulhon que le Hcéres a pour mission de définir la méthodologie des évaluations et leur mise en œuvre (c’est le sens de la signature du président du Hcéres dans chaque rapport) mais que le contenu des analyses produites dans les rapports est sous la responsabilité des comités d’évaluation selon les principes fondamentaux d’une évaluation par les pairs ? Va-t-il commenter ainsi tous les rapports d’établissements qu’il juge mériter son intérêt, publiés par le Hcéres ?  Le Hcéres est-il condamné à devenir le portevoix des opinions et avis de Thierry Coulhon sur notre enseignement supérieur et recherche ?  

Ce nouveau dérapage du président du Hcéres fait suite à d’autres prises de positions et communications (cf brève 9) particulièrement contestables. Il est temps que le président du Hcéres se reprenne et il est urgent que l’Etat et la communauté de l’ESR lui rappellent les devoirs et obligations de la présidence d’une agence d’évaluation.

 

 

 

 

 

 

 

 

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