Brève 9 : Un président du Hcéres acteur de la campagne présidentielle et aux postures de candidat ministre : Une dérive inacceptable pour une autorité administrative indépendante….

Dans une tribune publiée dans le journal le Monde du 11 octobre, T. Coulhon, président du Hcéres, semble avoir totalement oublié le devoir de réserve et le périmètre d’intervention d’un président d’une autorité administrative indépendante…

Cette tribune pose deux problèmes majeurs.

Elle part d’un constat sur l’état de notre ESR, qui dépasse largement le cadre d’intervention du Hcéres relatif à l’évaluation des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, pour aller vers une critique de l’action de l’Etat. Ce constat ne s’appuie pas sur une publication particulière du Hcéres, mais procède d’un commentaire personnel global du citoyen T. Coulhon, qui toutefois signe en sa qualité de président du Hcéres.

Plus choquant et inacceptable, cette tribune débouche sur ce qui s’apparente à une proposition de programme d’action de l’Etat dans une période de campagne présidentielle. Je n’ignore pas que le président actuel du Hcéres a été en charge du programme ESR du président de la République lors de la dernière campagne présidentielle et qu’il a été ensuite conseiller ESR à l’Elysée, mais ce temps devrait être révolu (certains collègues n’avaient-ils pas à l’époque de la nomination de T. Coulhon à la tête du Hcéres, alerté sur le déni d’indépendance de l’agence qui en résultait ?). Produire une telle tribune à quelques mois de l’élection présidentielle est d’autant plus choquant qu’on peut y voir également une démarche personnelle de l’intéressé, qui ressemble fortement à une candidature à un poste de ministre de l’ESR….

Cette tribune s’inscrit également dans une communication tous azimuts de la direction du Hcéres ces derniers mois. On peut tout à fait admettre que le Hcéres soit plus présent au niveau de sa communication pour mieux faire connaitre ses travaux et productions, mais on peut en revanche s’interroger sur la pertinence d’une telle stratégie quand elle confine à des interventions relevant d’opinions personnelles sur l’actualité de l’ESR. Le Hcéres n’a pas vocation à devenir une agence d’animation et de débat sur l’actualité de l’ESR et encore moins une force de proposition pour des changements de politique de l’Etat !

Faut-il rappeler la place que doit occuper une autorité administrative comme le Hcéres et les prérogatives ainsi que les obligations de réserve de son président ? Le Hcéres a en charge la mise en œuvre de l’évaluation des établissements, des formations et des unités de recherche et a pour mission de produire des rapports et des études sur l’analyse ex post du fonctionnement de notre ESR. Il n’est pas une agence de prospective, de communication et encore moins un acteur des campagnes politiques.

Il serait temps que le Hcéres qui héberge le Conseil français de l’intégrité scientifique (COFIS) retrouve le cadre de sa mission et un peu d’intégrité, d’éthique et de cohérence dans son action….

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